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ATFG - Antony

Amis du Théâtre Firmin Gémier

La Vie théâtrale et culturelle en Banlieue Sud

 

Actualités  théâtrales et  culturelles

Hiver 2007-2008


  • Janvier-février 2008 : La création moderne du Théâtre Firmin Gémier d'Antony : Nuits à Bagdad, texte de Mohamed Kacimi, mise en scène de Paul Golub. 
    • En attendant la création, rencontre le 12 janvier 2008 avec les auteurs
    • 22 janvier 2008, jour de la création : une première impression, une réussite, par J.-L. Lambert. 
    • 29 janvier 2008 : La réaction d'Eliane Franjou, "Qu’attendent donc les spectateurs  du Théâtre?"
    • 10 février 2008, "A propos de Nuits à Bagdad" par Serge Herry.
    • 24 janvier 2008, après la représentation, une interview express de Paul Golub, metteur en scène. 
Deux Créations au Théâtre 71 de Malakoff
  • Février 2008 : Création d' Edouard II de Christopher Marlowe, mise en scène d'Anne-Laure Liégeois, avec Claude Duparfait et Flore Lefebvre des Noëttes. 

Novembre-Décembre 2007

-Janvier 2008  

Une promenade au Mac/Val


Stardust ou la dernière frontière


On trouvera des photos de l'exposition à l'adresse :

http://www.macval.fr/stardust/v01-g.htm

Une promenade au Mac/Val 

   Qui sait, sûrement peu de monde, qu'il existe au sud de Paris, très précisément à Vitry sur Seine, au carrefour de la Libération où l'on voit en son centre une statue de Jean Dubuffet, ayant pour titre : Chaufferie avec cheminée, un Musée d'art contemporain du Val de Marne et plus simplement Le Mac/Val ? C'est lui que l'on voit à l'arrière de la statue, composé de cubes de béton blanc et bordé de larges verrières, le tout environné de tours.

   Il contient plus de mille oeuvres et dresse un panorama de la scène artistique en France depuis les années 50 ; il présente des expositions monographiques; des projets d'artistes. Des peintures bien sûr, mais attendez-vous plutôt à voir à ce que l'on appelle désormais des « installations », ou bien des films, des videos.

    Lors de ma visite, en plus des expositions permanentes, se tenait une présentation thématique : Stardust ou la dernière frontière. Cinquante artistes internationaux se trouvaient réunis, lesquels offraient au visiteur, du rêve , chacun à sa manière, sous des formes diverses : videos, salles plongées dans le noir sur fonds de cieux, de planètes; d'étoiles, de voie lactée ; il y avait aussi des objets détournés comme fusée, satellites, combinaisons d'astronautes dans de savantes organisations.

   Ce qui m'a le plus frappé, ce fut ce film russe retraçant le départ d'une fusée Soyouz : rien à voir avec les lancements américains de Cap Canaveral. Ici, on assistait au lent cérémonial précédant le départ, les visages concentrés en gros plan des astronautes, entourés de généraux aux poitrines chamarrées de médailles. La très lente progression de l'énorme fusée gisant à l'horizontale sur un véhicule à sa taille, c'est-à-dire hors de toute proportion, vers le pas de tir, son basculement dans son « berceau » vers la position verticale.

   Enfin, les fumées des gaz et le bruit assourdissant du monstre de métal contenant trois fragiles humains, restant immobile, en sustentation pendant un instant qui semble une éternité, comme un pinceau argenté assis sur des fibres de flammes.

   Les expositions se renouvellent; il faut vérifier si le site est bien tenu à jour, voici son adresse :

http://www.macval.fr/

Vous y verrez que l'expo dont je viens de parler est prolongée jusqu'au 3 février ! Il faut se dépêcher !

Serge Herry


Création au
Théâtre Firmin Gémier
Antony
22 janvier 3 février 2008
Nuits à Bagdad
de Mohamed Kacimi
mise en scène de Paul Golub





En attendant la création de
Nuits à Bagdad



Rencontre avec
Paul Golub
et
Mohamed Kacimi


Bibliothèque d'Antony
12 janvier 2008

   Très passionnante rencontre avec un metteur en scène, Paul Golub, ancien acteur du Théâtre du Soleil, et un auteur, Mohamed Kacimi, passé par la poésie, le roman, l'essai, et qui maintenant écrit pour le théâtre. Après avoir monté un "spectacle en appartement" autour des Mille et une Nuits, Paul Golub a voulu la monter pour la scène. Il fait alors appel à Mohamed Kacimi pour écrire un texte, texte écrit au fur et à mesure des répétitions. Le metteur en scène croit fermement que la veille de la création (prévue le 22 janvier), le texte sera enfin achevé ...
J.-L. L
© MCH
Paul Golub et Mohamed Kacimi à Antony
Paul Golub et Mohamed Kacimi à la Bibliothèque d'Antony
   Pendant la rencontre, Mohamed Kacimi s'est très violemment élevé contre une "tendance lourde du théâtre contemporain" en France, théâtre "trash" (=poubelle), noir, qui cherche à culpabiliser le public : pourquoi payer quarante euros pour voir une misère qu'on peut observer pour un euro en prenant le RER ? Ce théâtre est égoïste, narcissique, un théâtre du "moi-je" qui utilise des trucs qui veulent être des "transgressions", dans un monde où ces tabous n'ont plus cours. 
   Ce "théâtre contemporain" a perdu le sens du monde, monde souvent tragique certes, mais où la vie perdure : le théâtre en temps de guerre doit montrer ce qui vit, et l'humour est la meilleure arme, pas la dérision, car la tendresse demeure. Ces Nuits à Bagdad seront la rencontre des Mille et une Nuits et de la guerre en Irak. Qu'évoque pour nous le nom de Bagdad ? La capitale fabuleuse d'Haroun al-Rachid ou la ville détruite par la  guerre aujourd'hui ? Nous nous attendons donc à voir une "moderne Shéhérazade" recevoir dans un abri des gens qui ont besoin de se protéger, mais qui ont aussi besoin d'entendre raconter des histoires. 

 



Nuits à Bagdad


Texte et Dramaturgie : Mohamed Kacimi

Mise en scène : Paul Golub


Affiche Nuits à Bagdad - Janvier 2008 - Antony

Création de 
Nuits à Bagdad au Théâtre Firmin Gémier - Antony

22 janvier  - 3 février 2008

Des chroniques sont et seront mises en ligne pour saluer cette belle création qui témoigne de la vivacité artistique de la Banlieue Sud.

Nuits à Bagdad

Interprètes

Linda Chaïb, l'infirmière, la coiffeuse
Samia Jadda, l'internaute
Brontis Jodorowski, l'astrophysicien, le soldat américain, le génie de la lampe
Carolina Pecheny-Durozier,
 Shéhérazade  
Jean-Benoît Terral, Le boulanger,
le traducteur, le dentiste, Shahrayar

Scénographie : Vincent Calonne
Bande son : Peter Chase
Lumière : Olivier Vallet
Costumes : Gabrielle Mutel, Josette Rocheron    
Direction technique : Fabrice Retailleau
Construction des décors : Ateliers du Théâtre de l'Union - Centre Dramatique National du Limousin.

Nuits à Bagdad

Une Première impression, une réussite


   Musique et Bombardements sur Bagdad, la vie et la mort, la tragédie et l'humour, l'émotion : cette création de Mohamed Kacimi et Paul Golub est une vraie réussite !  

      Juste une première impression : quand la pièce débute, une femme  - on saura bientôt qu'elle s'appelle Shéhérazade -  seule dans un abri symbolisé par des parpaings. Un bruit de fond s'amplifie : ce sont des bombardements qui approchent. Quand ce bruit devient insupportable, avec sa télécommande, Shéhérazade met en route une musique vivante qui couvre bientôt la musique mortifère des avions. Et elle danse. Elle danse car la vie doit l'emporter sur la mort. Bientôt, il y aura des visiteurs, pas tous souhaités. Tous "raconteront des histoires" : certaines viennent des contes des Mille et une Nuit, d'autres viennent de notre actualité. Toutes font appel au désir de vie et d'amour  pour vaincre les pulsions de morts et de violence qui ne viennent pas toutes de l'armée d'occupation.  

   Ce sont souvent les femmes qui, malgré leur faiblesse devant les armes,  imposeront aux hommes une autre vision  du monde. 

   Nous aurons d'autres réactions sur cette pièce où Mohamed Kacimi et Paul Golub - aidés par des comédiens tous profondément engagés - ont su mêler avec un grand art la tragédie et l'humour, l'émotion et le rire. Gros succès devant un public qui comprenait beaucoup de jeunes attentifs. 

J.-L. Lambert 
22-23 janvier 2008

  

Réaction d'une Spectatrice     

      Nuits à Bagdad fait partie de ces spectacles dits « dérangeants », qui provoquent inévitablement des réactions de la part du public et j’ai eu connaissance, soit verbalement, soit par mail, d’avis contradictoires.  Je me permets ici de donner mon avis personnel :  

     J’ai  beaucoup aimé ce spectacle,

  • Tant pour sa démarche originale : Un metteur en scène (Paul Golub) et des comédiens travaillent sur « Les Mille et une Nuits », avec pour objectif d’y introduire l’histoire contemporaine, violente et douloureuse, de la  guerre en Irak. Devant la difficulté du projet, ils font appel à un auteur (Mohamed Kacimi) qui accepte, tout en respectant le travail déjà accompli, d’écrire les textes.
  • Tant pour la réussite artistique : interprétation (excellente) sobriété des décors, violence des sons, simplicité de la mise en  scène.
   Mais en constatant qu’il y a   à propos de ce spectacle  des avis différents, (tant mieux !) je me suis posé la question : Qu’attendent donc les spectateurs  du Théâtre?
  • un divertissement, du merveilleux, de l’esthétisme, du rire, une détente, un oubli du quotidien ?
  • une réflexion, un engagement, un combat ?
  • à la fois le divertissement et la réflexion ?
   Il y a constamment des conflits graves dans le monde, des interrogations sur le devenir et l’évolution de l’Homme et de la Société. Beaucoup d’artistes – et particulièrement les gens de théâtre – permettent au public d’abord d’en  prendre conscience et de réfléchir ensuite aux solutions possibles. Ce travail, cet engagement, ce combat des comédiens, auteurs, metteurs en scène, peut passer par le merveilleux,  l’esthétisme, le divertissement, le rire (mon cher Jean-Baptiste a fait cela tout au long de sa trop courte vie) et la tragédie.

   Nuits à Bagdad, c’est l’adaptation par des artistes du 21 ème siècle d’une fiction poétique du 8ème siècle.. Elle parle d’une tragédie bien réelle et contemporaine : la guerre en Irak à laquelle aucun  spectateur ne peut rester indifférent.  C’est  une idée généreuse et nécessaire, un spectacle violent et poétique ,   un  conte moderne et cruel.

    Merci à tous les artistes.


Eliane Franjou
29 janvier 2008

A propos de Nuits à Bagdad     

   Le but initial de Paul Golub était de chercher à donner corps au Conte et à la réalité de l'Irak actuellement en guerre ; pour ce faire, il avait eu, selon ses dires, l'idée au départ de monter un spectacle qui croiserait les deux trames dans un exercice d'improvisation. Mais il a dû de son propre aveu faire appel à un dramaturge, Mohamed Kacimi. 

   Bien lui en a pris, car celui-ci a su donner au- delà de l'exercice proposé (réunir les deux trames) un contenu idéologique* propre à tout discours, distraire* le spectateur certes, mais aussi  conférer au texte à dire par les acteurs  une littérarité*, une qualité propre, esthétique qui assure la fusion souvent réussie entre les deux trames : par exemple, le rapprochement entre l'intrusion brutale du soldat US dans l'abri, la cave de la maison de Shéhérazade, laquelle brute en rafle les occupants à l'exception de l'héroïne, et, la réaction de Shéhérazade qui raconte longuement l'enlèvement successif de deux jeunes gens qui s'aiment et qui se retrouvent en un dénouement tenant du merveilleux. 

   Car ce merveilleux conté entre deux événements dramatiques par cette Shéhérazade moderne est l'autre face du refuge dans l'espace où se dit le conte : la première est certes  matérielle : on s'abrite pour éviter d'être tué par une rafale de mitrailleuse ou écrasé par une bombe : mais l'autre est spirituelle, mentale : on entre là, agité, angoissé, porteur souvent de mauvaises nouvelles et l'on recouvre l'espace d'un instant un peu de cette sérénité, voire un peu de cette drôlerie qu'on croyait enfuies. Mais que signifie tout cela ? Un récit même parfait mérite-t-il rétribution ou bien la vie d'un homme, d'une femme ? Une histoire étonnante suffirait-il à sauver la narratrice et ceux qui l'entourent ?

Serge Herry
10 février 2008

* Le dénouement de Nuits à Bagdad, ironie tragique, voit l'anéantissement de tous les protagonistes dans une explosion ! Enfin laissons la parole à un spécialiste des Contes

   « Les Nuits proposent des interrogations qui ont marqué leur succès, qui touchent assurément aussi bien l'Orient que l'Occident » (Aboubakar Chraibi).  



En 2006, à Antony, Paul Golub créait un Siècle d'Industrie, pièce de Marc Dugowson. Voir la chronique de Serge Herry dans nos dossiers.

Nuits à Bagdad, après la représentation, foyer du théâtre Firmin Gémier, rencontre avec les artistes, le 24 janvier 2008

de gauche à droite : Jean-Benoît Terral,
Brondis Jodorowski, Paul Golub,
Carolina Pecheny-Durozier,
Samia Jadda, Peter Chase.
Nuits à Bagdad - Après la Représentation
© MCH
Nuits à Bagdad

Texte et Dramaturgie : Mohamed Kacimi

Mise en scène : Paul Golub

Interprètes

   Linda Chaïb, l'infirmière, la coiffeuse
   Samia Jadda, l'internaute
   Brontis Jodorowski, l'astrophysicien, le soldat américain, le génie de la lampe
   Carolina Pecheny-Durozier,
 Shéhérazade  
   Jean-Benoît Terral, Le boulanger, le traducteur, le dentiste, Shahrayar

Scénographie : Vincent Calonne

Bande son : Peter Chase
Lumière : Olivier Vallet
Costumes : Gabrielle Mutel, Josette Rocheron    
Direction technique : Fabrice Retailleau
Construction des décors : Ateliers du Théâtre de l'Union - Centre Dramatique National du Limousin.

Production : Théâtre Firmin Gémier / La Piscine. Le
Théâtre de l'Union - Centre Dramatique National du Limousin. Le Théâtre du Volcan Bleu. En coréalisation avec le Colombier à Bagnolet.  Avec le concours de l'Etat (DRAC du Limousin), du Conseil Régional du Limousin. Aide au projet de l'ADAMI.


Interview express de Paul Golub, metteur en scène

Logo ATFG - Firmin Gémier par G-R Grataloup Comment avez-vous pu mener à bien un projet aussi risqué ? Vous, metteur en scène, vous aviez au départ un projet d'adaptation des Mille et Une Nuits au contexte de la Bagdad d'aujourdhui et de la guerre en Irak. Vous aviez déjà des idées, vous vouliez des marionnettes, des projections d'images, vous aviez déjà commencé à répéter avec vos acteurs dans un premier décor. Puis vous faites appel à un auteur, Mohamed Kacimi, qui a ses propres idées, son écriture, son style, sa façon de voir. Comment avez-vous pu mener à bien, et réussir, un tel projet en un temps aussi court, en quelques semaines seulement ?

Paul Golub : C'était un projet exceptionnel dans le parcours de ma compagnie, le Théâtre du Volcan Bleu. Une fois auparavant, j'avais  fait appel  à un auteur, mais il avait eu du temps pour écrire le texte préalablement. Ici tout s'est fait en temps réel. Mohamed Kacimi a écrit le texte au fur et à mesure des répétitions. Il est même venu un peu après le début des répétitions. Cela posait des questions très compliquées. Aurait-on du matériel pour travailler et répéter tous les jours ? Qu'est-ce qu'il allait nous donner ? Finirait-il à temps ? 
   Il y a eu de vrais moments passionnants -  un peu angoissants aussi - où l'auteur était très confiants, tout au long. Il disparaissait de temps en temps, et nous étions très inquiets dans ces moments-là. Mais il revenait toujours avec des textes. Il y a eu comme cela des va et vient, un dialogue entre nous tous. Les comédiens eux-mêmes participaient, donnaient des idées - qui n'ont pas toutes été nécessairement acceptées -  mais il y avait cet engagement total. C'est très différent quand il y a un texte et que l'acteur sait qu'il va jouer un rôle. Là les acteurs ne savaient
même pas quels rôles  ils allaient jouer !  Tout cela s'est fait dans une atmosphère de bonne entente, avec des moments d'inquiétude et de tension - parce qu'on ne peut pas créer un spectacle comme cela sans vivre de tels moments. Mais dans l'ensemble, c'était relativement harmonieux, vus les stress, vue la complexité qu'il y avait à intégrer à la fois les Milles et une Nuits et la guerre ! On peut maintenant comprendre que ces deux mondes peuvent dialoguer un tout petit peu, mais comment mettre concrètement en oeuvre cette chose-là?  
   Et bien je pense que l'auteur a eu cette idée géniale d'une Shéhérazade contemporaine, qui habite dans un abri, qui accueille les gens, qui  écoute les histoires plutôt que de les raconter. A partir de là, les choses se sont décidées avec une certaine simplicité - avec cette fin inévitable, ils meurent bien sûr, malheureusement. Parce qu'à notre époque, on ne peut pas imaginer que ce soit le happy end - tant que la guerre en Irac n'est pas complètement finie, par exemple. Tant qu'on n'est pas sorti de cette difficulté dans laquelle on est,  
   C'est difficile de donner une fausse fin trop optimiste,  tout simplement.  Mais au concret Mohamed Kacimi nous donnait des scènes. Nous les montions. Il revenait les voir. Il réécrivait en fonction de ce qu'il avait vu. Il y a eu ce va et vient, ce dialogue permanent à multiples partenaires, entre les comédiens, moi, l'auteur, ceux qui ont fait la bande son, le décor. C'est une vraie création.

Propos recueillis après la représentation du 24 janvier 2008
par Christine Louis et Jean-Louis Lambert

   
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© ATFG - Amis du Théâtre Firmin Gémier – Mise à jour du 19 Février 2008