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ATFG - Antony

Amis du Théâtre Firmin Gémier

La Vie théâtrale et culturelle en Banlieue Sud
Une vision de Firmin Gémier par Guillaume Libert

Hommage à Firmin Gémier

La Voix de Gémier

Documents recueillis par Hervé David

Gémier dit les 5 voix de «chauds les marrons»

voir l'image et le texte

et «Y m'a refusé des asticots»

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Firmin Gémier enregistra le discours de la cérémonie
du 13 juin 1912
à l'Opéra de Paris
 lors de l'enfouissement d'urnes contenant des 78 tours
pour une durée de 100 ans








La Voix de Gémier en 1912


Le « Musée de la Parole », qui fut constitué au Théâtre national de l'Opéra en 1912, par la Compagnie du Gramophone, répond exactement à ce besoin. Encore qu'on l'ait voué à cent ans de silence. Voici, d'après « Comœdia », le compte rendu de sa fondation :

Firmin Gémier enregistra le discours de la cérémonie du 13 juin 1912 à l'Opéra de Paris lors de l'enfouissement d'urnes contenant des 78 tours pour une durée de 100 ans, disque réédité après ouverture de ces urnes par EMI



Lien avec la BNF :

1907-2008 :
le long sommeil des urnes de l’Opéra
par Elizabeth Giuliani




DANS LES SOUS-SOLS DE L'OPÉRA ON ENFOUIT DES VOIX CÉLÈBRES. LE GRAMOPHONE LES RÉVÉLERA DANS CENT ANS

On se souvient que le 31 décembre 1907, il avait été procédé dans les sous-sols de l'Opéra, à l'enfouissement d'une vingtaine de disques de gramophone, sur lesquels étaient gravées les voix de quelques-uns de nos chanteurs les plus célèbres.

Parmi ces chanteurs on comptait : Tamagno, la Patti, Mme Calvé, MM. Plançon et Renaud.

Soigneusement enfermés dans d'épaisses urnes de fonte soudées, lesquelles sont elles-mêmes enfouies dans un caveau spécial dont M. Banès, bibliothécaire de l'Opéra a seul la clé, ces précieux disques ne doivent revoir le jour que dans cent années.

Ce sera là un instant de belle émotion pour nos petits-fils, et l'on peut supposer aisément celle que nous éprouverions s'il nous était donné d'entendre le clavecin de Mozart, le piano de Liszt, la déclamation de Talma et la voix de la Malibran.

Une cérémonie analogue eut lieu hier à la même place. A trois heures de l'après-midi, M. Bérard, suivi de son chef de cabinet, M. Maurice Reclus, arrivait à la bibliothèque de l'Opéra, lieu de réunion de tous les invités.

Le Sous-Secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts devait, en effet, présider à cet enfouissement et sceller de sa propre main, avec le sceau de l'Etat, les deux urnes contenant les disques nouvellement gravés.

Dans l'assistance, assez nombreuse, on remarquait MM. Messager et Broussan, Marius Gabion, Pierre Soulaine, Maurice Lefèvre, Paul Vidal, Croze, Bozonet, Schneider, Ecorcheville et de Curzon...

... Puis, comme le cortège s'enfonçait dans les profondeurs du sol, M. Demange, chef électricien de l'Opéra, profita du passage du Sous-Secrétaire d'Etat devant l'immense installation électrique, pour lui en expliquer le minutieux fonctionnement ; ce qui parut l'intéresser prodigieusement.

Enfin, après de longs détours sous de sombres arcades, nous arrivâmes dans une sorte de caveau où plusieurs rangées de fauteuils avaient été installées. Il y régnait une fraîcheur humide qui glaça quelques crânes, aussi M. Bérard crut-il répondre au désir de plusieurs assistants en couvrant son chef ministériel. Il fut aussitôt imité.

Sur une table ornée d'un tapis rouge, les disques avaient été préparés. En face, la tombe attendait, grande ouverte, laissant deviner dans ses sombres profondeurs, les deux urnes déposées en 1907.

Voici les noms des artistes dont les voix allaient connaître l'honneur de se voir vouées à une postérité centenaire :

MM. Gémier, Journet, Mme Tetrazzini, MM. Campagnola, Beyle, Reynaldo Hahn, Vigneau, Mlle Brohly, Mme Auguez de Montalant, Mlle Kersoff, MM. Franz, Caruso, Amato, Chaliapine, Mlle Farrar, Mme Melba et M. Scotti.

Il y eut aussi des instrumentistes : MM. Kubelik, déjà enfoui en 1907 ; Kreisler également violoniste, et Paderewski.

Ne croyez pas que tout ceci se passât sans solennité, voire sans émotion. Avant de les enfermer à jamais - du moins pour nous - on mit sur un appareil installé exprès, le disque de M. Gémier. C'était une allocution au ministre. Puis, ou entendit la belle voix de M. Franz dans le « récit du Graal ». Elle était reconnaissable dans ses moindres inflexions. Mlle Brohly chanta « Samson et Dalila ». M. Kubelik termina ce concert. A près quoi, dûment enveloppés, cachetés et soudés, les disques disparurent.

« On ne les entendra plus qu'en 2012 » dit quelqu'un. Chacun se regarda. Personne ne souriait.

Le procès-verbal, sur parchemin, fut signé par tous les assistants, et le stylographe circulait de main en main comme un goupillon qui laisserait tomber de l'eau bénite sur une tombe encore ouverte.

L. BORGEX

Comœdia

14 juin 1912


Sur le Site du chanteur et collectionneur Hervé David

Chauds les marrons !

Monologue de Louis Ernest Grenet-Dancourt
(Paris, 1854 - Paris, 1913),

interprété par Firmin Tonnerre, dit Firmin Gémier,
enregistré à Paris entre 1906 et 1919




CHAUDS LES MARRONS !

A mon ami Georges Lorin.

Chaud, là, les marrons, chaud ! Il gèle. Le bitume
Craque sous les pieds froids du passant qui s'enrhume.
Chaud là, les marrons, chaud ! La bise, en sifflant, tord
Les arbres dépouillés du boulevard et mord,
Féroce, tous les nez qu'en route elle rencontre.
Chaud là, les marrons, chaud ! Dans l'ombre, appuyé contre
Un réverbère éteint par le vent, un petit
— Que, sans doute, décembre a mis en appétit, —
Demande, en grelottant, un petit sou pour vivre.
Mais il voit, un par un, tous les passants se suivre,
Et pas le moindre sou ne tombe dans sa main.
Chaud là, les marrons, chaud ! Il mangera demain.
Mais, là-bas, un monsieur — qu'une pelisse immense
Enveloppe des pieds à la tête — s'avance :
L'enfant quitte sa place et court à lui tout droit !
« Un sou ?
    — Non.
        — J'ai faim !
            — Non.
                — Monsieur !
                    — Il fait trop froid. »
Et le monsieur, plongeant son museau dans sa loutre,
Fait deux petits brr, brr, et, guilleret, passe outre.
Chaud là, les marrons, chaud ! Le Savoyard du coin —
Le marchand de marrons — voit la scène de loin :
« Approche ici, petiot ! Viens-t’en chauffer tes pattes ! »
Et le pauvret, au feu, tend ses mains écarlates.
Il rayonne : oh ! c'est chaud ! oh! ça brule ! oh ! c'est bon !
Et puis, il rit tout haut des tic tic du charbon.
« Prends des marrons, va, mange ; un peu de vin, tiens, liche,
Dit le vieux Savoyard ; j'en serai pas moins riche. »
Et l'enfant mange et boit en regardant le vieux,
Le vieux qu'il remercie en clignotant des yeux.
« T'as fini ? Hop ! alors, en deux temps, passe au large !
Et tâche de ne pas revenir à la charge.
— Merci, m'sieur !
    — Pas de quoi, va te coucher, crapaud. »
Et l'enfant disparaît. Chaud là, les marrons, chaud !

GRENET-DANCOURT.
(publié dans les Annales n° 1222 du 15 novembre 1906)

Firmin Gemier dit Chauds les marrons de Grenier-Dancourt

Firmin Gémier dit "Chauds les Marrons"
de Grenier-Dancourt,
disque pour le Gramophone.

Cliquez sur l'image pour écouter.

Firmin Gémier - Monologue - Y m'a refusé des asticots
Pour écouter le monoloque

"Y m'a refusé des asticots",
par Monsieur Gémier du Théâtre Antoine,

cliquez sur l'image.



Hervé David est un chanteur français qui réside près de Fontainebleau.  Montmartrois de coeur et d'esprit, il est aussi collectionneur de 78 tours.

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Les Documents ont été recueillis par Hervé David

ATFG - Amis du Théâtre Firmin Gémier

Dernière mise à jour : 12 février 2012
Première mise en ligne le 12 février 2012