ATFG - Antony

Amis du Théâtre Firmin Gémier

Hommage à Firmin Gémier

Galerie Documentaire

Gémier - l'homme d'un théâtre à venir

 Par Thérèse Achart

Préface de Frédéric Pottecher

-         Première édition, 1987 ;  nouvelle édition entièrement revue en 2006

-         Plus de 55 illustrations

-         Plus de 500 exemplaires diffusés

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   Il a 15 ans. Il s’appelle Firmin Tonnerre (du nom de sa mère). Il quitte l’école primaire Supérieure Turgot pour entrer en apprentissage chez un chimiste. En fait il est surtout garçon de courses, colportant sur son dos de gros paquets de flacons d’échantillons. Ceci du haut du Faubourg ST Denis (près des Bouffes du Nord) jusque la rue Vivienne. Or il suit en même temps des cours de théâtre chez Mademoiselle Schaller, rue Geoffroy-marie (près de Foliès-Bergère). Et la rue Geoffroy-Marie se trouve sur son trajet. Il a beau avoir une blouse pour préserver ses vêtements des élèves du cours le reconnaissent  : 

« C’est bizarre il y a un livreur qui te ressemble dans le quartier…

-  On m’en a déjà parlé, réplique Firmin. Mais ce qui est le plus bizarre encore, c’est que je ne l’ai jamais rencontré. »

    Firmin Gémier est régisseur du théâtre du boulevard de Strasbourg nouvellement créé par Antoine.

            Un soir, le souffleur est absent. Antoine demande à Firmin devenu Gémier (du nom de son père) de remplacer le souffleur.

            On joue ce soir là Poil de Carottes. A la fin du spectacle, Antoine, ne voyant pas sortir Gémier, se penche sur le « trou du souffleur » : il trouve Gémier, en larmes, sanglotant sur la misère du pauvre petit rouquin.  

    Gémier était le grand ami de Maurice Pottecher, créateur du Théâtre du Peuple de Bussang.

    En ce temps là (avant 1914) le train allait jusqu’à Bussang, mais le voyage durait 9 heures avec changements et se terminait dans un tortillard poussif et fumant tout au long de la vallée de la Haute Moselle.

    Gémier était furieux de cette lenteur et surtout des escarbilles qui noircissaient son pantalon et ses manchettes. Il s’en prenait au mécanicien et, la tête hors de la portière, il vitupérait contre lui.

    Gémier est directeur du Théâtre Antoine, boulevard de Strasbourg.

            Avec le dédale de rues et de passages du quartier, il trouve le trajet bien long en voiture pour aller du théâtre jusqu’à son domicile, près du conservatoire. Il demande donc aux autorités compétentes, et il obtient, qu’on ouvre une rue du boulevard de Strasbourg, face au théâtre Antoine, jusqu’à la rue Bergère qui le mène chez lui.

            En 1920 cette rue reçoit le nom de rue de Metz, ville de Lorraine, depuis redevenue française. 

            Denise Gence raconte cette histoire dans ses mémoires. Elle lui a été dite par ses parents qui habitaient le même immeuble que Gémier.

       Saint Amour : C’est en 1901 que Gémier rencontre la très belle comédienne, Andrée Mégard. Il l’épouse et en fait sa partenaire dans les différentes créations qu’il dirige. Andrée Mégard est née à Saint Amour, dans une modeste ferme. Saint Amour est une paisible cité, accrochée au flanc du Revermont dominant l’opulente plaine de la Bresse. Gémier petit gamin d’Aubervilliers, a dû être séduit par la beauté du site. Il y achète une maison, « la maison bleu » qui jouxte celle de la tante du jeune Guichon dans un quartier calme de la ville.

Mais dès que le couple Gémier-Mégard arrive, finie la tranquillité : ce sont des allées et venues incessantes autour de « la maison bleue » : on prépare les spectacles qui vont se donner, soit au  « théâtre de verdure », soit dans une salle du château. Ils devaient avoir un certain éclat ces spectacles pour que deux petits garçons qui avaient 8 et 6 ans à la mort de Gémier, s’en souviennent ! C’est qu’il y venait du beau monde à Saint Amour (1) ! Autour de Gémier et d’Andrée Mégard, en 1921, pour aider au financement du Monument aux Morts, nous trouvons Damia, Lucien Boyer, une flûte-solo de l’Opéra Comique, des artistes du théâtre Antoine et au piano le compositeur Maurice Yvain (un des 2 auteurs de la musique originale du dernier film d’Alain Resnais « Pas sur la Bouche »).

            Ainsi Gémier ne se contentait pas des scènes parisiennes. Voulait-il que les habitants de Saint Amour s’initient au théâtre ? Voulait-il les sortir du calme de leur province ? Avait-il tout simplement besoin de continuer, même en vacances, d’exercer son inextinguible activité ? Nous ne savons pas. Mais ce que nous savons c’est que Gémier et Mégard étaient très attachés à Saint Amour (2) et qu’ils reposent tous deux dans son cimetière.

(1) L’Echo du Patrimoine de St Amour, n°6, novembre 2002

(2) Andrée Mégard fit paraître en 1932 un livre sur ses origines : « Et l’on revient toujours » (chez Malfère)