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Brigitte Damiens, artiste dramatique, comédienne a
fait ses armes au Théâtre Firmin Gémier – S es plus anciens souvenirs.
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Le plaisir de dire des textes,
je l’ai connu
depuis toujours. Dès qu’il s’agissait de réciter une poésie ou de faire
une mise en scène, je n’étais plus la même personne. Dès l’âge de 8
ans, je mettais en scène mes frères et sœurs, je les costumais, leur
faisais dire des textes.
Arrivée
à Versailles, en classe de 6ème, nous faisions déjà du théâtre.
Ensuite au lycée La Bruyère, le club théâtre était animé par
notre professeur de latin Melle Conche (professeur de Marie Dubois). On a monté Les Femmes de Bonne Humeur de Goldoni,
ce fut l’extase. J’ai joué le rôle d’une vieille folle de 60 ans qui se
croyait irrésistible et voulait se marier avec tous les jeunes gens.
Quel bonheur de faire rire ! Le lendemain quand je suis entrée en
cours, la classe entière m’a applaudie, j’étais une personne discrète
et effacée, et tout à coup je me suis sentie exister .
Au lycée, je suis souvent en compagnie de Catherine Frot.
Elle entre au Conservatoire à Versailles. Là, je comprends qu’on
peut en faire un métier. Mes parents très inquiets ont échangé des
études d’allemand contre mon entrée au Conservatoire. Au bout de 6 mois
de cours la professeur du conservatoire, Marcelle Tassencourt,
qui était en même temps la Directrice du Théâtre Montansier m’a
"bombardé" en scène. J’ai joué tout de suite en professionnelle, même
si avec le recul je prends conscience de ma maladresse et de mon
ingratitude de l'époque, je
dois beaucoup à ces premières expériences et à Marcelle qui nous
martelait qu'il y avait les acteurs qui servaient le théâtre et ceux
qui se servaient du théâtre, c'est resté ma devise. Premier rôle,
Marianne dans l’Avare qui
arrive au 3ème acte. Les gamins dans la salle se sont mis à siffler,
hurler comme pour une rock star. Morte de peur ce fut pour moi un
baptême du feu très cruel, j’ai perdu beaucoup d'illusions ce
jour là. J’ai beaucoup joué à Versailles et puis, j’ai interprété le
rôle Clara Schumann à la télévision dans les Chants de l’aube de Nat Lilenstein. Ensuite j’ai joué au théâtre et dans d’autres séries à la télévision.
| | Nous avons connu Brigitte Damiens comme comédienne
et assistante de François Kergourlay, comment devient-on assistante ? |
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1994 : ma vie avant, ma vie
après. François a été un phare, un passeur. Il a un véritable talent de
metteur en scène. J’ai voulu élargir le champ de mon expérience et j’ai
travaillé comme assistante de François Kergourlay dans sa première création à Antony commandée par René
Chéneaux "Les Jeux de l’amour et du hasard". François Kergourlay a été nommé directeur du TFG et nous avons
beaucoup travaillé en équipe.
J’ai aussi
travaillé avec Mohammed Kacini. "1962" est son chef-d’œuvre. J'ai été l'assistante de
Valérie Gray qui a fait la mise en scène de ce texte magnifique et bouleversant. Voir Miloud Khetib que j'admire beaucoup, travailler le personnage principal a été une expérience magique. Je
suis ainsi devenue une femme de théâtre capable de tout faire, capable
de comprendre la valeur de ce qui se passe à chaque poste. Je suis
aussi allée beaucoup à la rencontre du public et j'ai fait des
expériences étonnantes avec des gens étonnants. Après celà ma vision du
métier d’acteur a complètement changé : on a un texte et on
doit le lire à tous les plans, à partir de tous les postes. Je me suis
ainsi trouvée dans un travail de formation théâtrale constructif et
particulièrement réfléchi en fonction des besoins et des demandes d'une
ville aussi "amoureuse" du théâtre que l'est la ville d'Antony. Ce
fut une une vraie et grande aventure. Pendant les répétitions des
créations, les gens rentraient, c’était la porte ouverte. Une
personne a dit "c’est extraordinaire, j’avais le cafard, je suis
entrée, j’ai assisté à un bout de répétition, je vais mieux". Quand je
passe et que je vois de la lumière, c’est comme un cœur qui bat au
milieu de la ville. Je pense toujours à ces moments avec beaucoup
d’émotions, car c’était le théâtre des Antoniens,
le théâtre des gens. C’était une aventure il n’y avait pas, nous on est
chez nous, vous vous êtes dehors, les gens pouvaient rentrer, prendre
un café, il y avait toujours un artiste dans le théâtre, et ça c’était
important et fort.
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| | Quand Maman sera partie
de Christophe
Monnier Diffusion sur ARTE en juin 2009
Photo de tournage | Les ateliers |
| Suite à la demande de nombreux antoniens, nous avons ouvert 3 ateliers de 20 personnes chacun .
C’est un lieu d’échange, de créativité et de rencontres
exceptionnelles. C’est une aventure qui fédère des amitiés. Les
gens tissent des liens avec la population, Marie-France Boehm,
tout le monde la reconnaît dans la rue. C’est une gageure de monter une
pièce en répétant une fois par semaine. Grâce à eux, je suis tout le
temps en mouvement, je dois me remettre en question, il faut que je
trouve des clés pour les aider à progresser. Maintenant je suis obligée
de théoriser ce que je ne savais pas que je savais. Le théâtre ça ne
s’apprend pas, tout ce que je peux partager c’est mon trésor de vie. Le
théâtre est pour moi l' école de la liberté, une liberté consciente et
responsable. J’espère aider les gens à être libres et plus heureux.
Beaucoup disent : grâce au théâtre je me sens mieux dans ma vie. Le
poète raconte inlassablement les vieilles histoires de la terre et nous
creusons notre chemin à travers cette mémoire. |
Atelier Théâtre 2006 | | Animation dans les classes |
| Il fallait faire deux heures de théâtre dans les classes qui venaient assister au spectacle. Sur Les Jeux de l’Amour et du Hasard par François Kergourlay,
contre mon gré car j'étais terrifiée à cette idée, je fus obligée de
participer par manque de personne. Ce fut une révélation, ce fut
magique : j’ai fait faire des exercices et jouer des scènes de la
pièce. L’animation a duré 4 heures… Et c’est avec cette professeur, Françoise Leroux,
prof aussi à l’IUFM (formation de cuisiniers) que j’ai mis en place des
programmes de formation (épreuves orales difficiles de 4 heures, les
cuisiniers sont des personnes de l’ombre qui n’ont pas l’habitude de
parler en public). Ils ont tous été reçus à leur oral. |
| Les soirées cabaret avec les élèves cuisiniers de l’IUFM, ont été associées à un spectacle, Le Menteur création de François Kergourlay. Un des cuisiniers Jean Yves Corvez
est devenu professeur, son désir fut de faire vivre à ses élèves une
expérience aussi forte que celle qu'il avait vécue. Ainsi est né
le cabaret pour Chat en poche, nous chantions sur Paris accompagnés par tous ces jeunes gens enthousiastes.
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| Ateliers d’écriture
: toujours en quête de mémoire, en quête de la trace, je voulais
investir toute la ville en invitant des gens à écrire et d’autres à
jouer. Je ne savais pas comment fédérer ces groupes, donner de la
matière à écrire. J’ai donc fait 5 semaines de formation à l’écriture.
Ensuite, j’ai demandé à Marc Jeancourt
d’ouvrir un atelier d’écriture dans l’optique d’une écriture théâtrale.
Marc qui est un Directeur exceptionnel avec une énergie et une foi
étourdissantes m'a donné le feu vert avec confiance. Nous avons ouvert
trois ateliers d'écriture et nous avons publié un livre aux Editions L'Amandier qui s'appelle Ecrire à Antony. |
| Professeur au conservatoire
: toutes ces initiatives ont fait connaître mon travail et on m’a
proposé de remplacer le professeur d'art dramatique du conservatoire
qui partait à la retraite. |
| Prochaine étape
: je voudrais me lancer dans la mise en scène et me confronter à des
acteurs professionnels. J'ai un projet qui cristallise tout ce que je
suis comme femme de théâtre et comme femme, un projet ambitieux qui
réunirait non seulement des acteurs et des chanteurs mais aussi tous
les gens qui souhaiteraient apporter leur pierre à l'édifice. Je
voudrais que ce soit le spectacle des gens, pas une énième
représentation, un petit tour et puis s'en va. J'ai envie de Théâtre
populaire et participatif. J'ai envie de la joie de travailler
ensemble, et d'ailleurs, Théâtre et Toiles, la Compagnie que je viens de fonder, aurait pu aussi s'appeler "La Belle Equipe", en hommage à Jean Gabin – qui pour moi est
l'acteur prince et représente si bien l'aristocratie ouvrière – et en hommage à Dame Amitié qui tout
au long de ma vie, n'a cessé de me prodiguer ses bienfaits.
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