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ATFG - Antony

Amis du Théâtre Firmin Gémier

La Vie théâtrale et culturelle en Banlieue Sud
 

Actualités théâtrales et culturelles

Eté-Automne 2008

Nos regards et commentaires




La Sélection théâtrale  de l'ATFG - 4ème Trimestre 2008

 

 

 

 

 
Alphonse - François Kergourlay
François Kergourlay
 est Alphonse

La Sélection théâtrale  de l'ATFG - 4ème Trimestre 2008

  • Du 17 septembre au 25 octobre, Le Tartuffe, de Molière, au Théâtre National de l'Odéon, dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig, l'un des metteurs en scène.les plus originaux et les plus brillants de la nouvelle génération.  

  • Du 30 septembre au 4 octobre, Le Silence des Communistes, d'après Vittorio Foa, Miriam Mafai et Alfredo Reichlin, mise en scène de Jean-Pierre Vincent au Théâtre 71, Malakoff. 
  • Le 7 octobre, au Théâtre Firmin Gémier d'Antony : Le Timide du Palais, brillante comédie "de cape et d'épée", de Tirso de Molina (l'inventeur du mythe de Don Juan !). Mise en scène étourdissante de rapidité par Gwenhaël de Gouvello, avec François Kergourlay , Brigitte Damiens, Marie Provence et Jean-Benoît Teral - que nous avons vu avec un immense plaisir au Théâtre 13 la saison dernière. Il faut avoir vu ces scènes d'amour comiques ! 

  • Du 10 au 12 octobre, Mahler, Schubert, Schönberg, Wagner par le Choeur Accentus, dirigé par Laurence Equilbey, au théâtre Les Gémeaux à Sceaux : le plus beau choeur qu'on puisse entendre en France.  

  • Du 15 octobre au 7 décembre, la reprise des Diablogues de Roland Dubillard (mise en scène d'Anne Bourgeois), joué par deux acteurs inspirés par ces dialogues burlesques au service d'une analyse logique des riens qui font l'Existence, François Morel et Jacques Gamblin. Au théâtre du Rond-Point

  • Du 12 au 30 novembre, Seuls, de et par Wajdi Mouawad au Théâtre 71, Malakoff : la Banlieue Sud a eu le privilège d'accueillir toutes les créations du grand auteur libano-québécois depuis 1999. Il sera l'artiste invité à Avignon en 2009

  • Du 6 novembre au 14 décembre, Le Suicidé de Nicolaï Erdmann, mis en scène de Volodia Serre, au Théâtre 13, cet excellent "petit théâtre" parisien. 

  • Du 18 au 30 novembre,  au Théâtre Firmin Gémier d'Antony : L'Augmentation de Georges Pérec, mise en scène d'Anne-Laure Liégeois, à qui nous devons un superbe et décoiffant Dom Juan de Molière. 

  • Du 2 au 14 décembre, La Douleur de Marguerite Duras, mise en scène de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang, avec Dominique Blanc au Théâtre des Amandiers, Nanterre. 
  • Du 3 au 14 décembre, à l'Espace Cirque d'Antony, le cirque Aïtal : La Piste Là. Conception : Victor Cathala et Kati Pikkarainen. 

Evenements

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Antony, espace Cirque,  du 10 au 19 octobre 2008Oups !  

par la Compagnie Max et Maurice 



Écriture et mise en scène
Emmanuel Gilleron

Avec l’oeil extérieur de
Vincent Martin

Interprètes
Cyriaque Bellot
Valentin Bellot
Sandrine Colombet
Antoine Deschamps
Emmanuel Gilleron
Olivier Landre
Olivier Verzelen

Composition musicale
Cyriaque Bellot

Lumières
Olivier Beaudequin

Régisseur chapiteau
Pierre Yves Dubois
Oups !
Gros succès de la Compagnie Max et Maurice avec Oups ! Poésie et humour. On a refusé des spectateurs tous les jours.
Oups-2
   Oups, un spectacle de cirque qui a ravi les petits et les grands : des artistes dotés d'une technique éblouissante, qu'il s'agisse de l'acrobate, des jongleurs, de la contorsionniste ou de celui qui montait et descendait le long d'un rideau (cela doit porter un nom dans le monde du cirque; mais je l'ignore...) ; des clowns qui ont fait rire le public à gorge déployée, du petit enfant en passant par nos ados blasés ou les adultes, pas toujours bon public. Le point commun à ces talents divers : la poésie, l'humour. L'artiste qui montait et descendait sur son rideau, nous a éblouis par des figures surprenantes de soleils tournoyants. Les jongleurs jonglaient : mais après un commencement traditionnel de deux jongleurs lançant et rattrapant avec virtuosité leurs "quilles", le numéro se poursuivait avec l'arrivée de nouveaux jongleurs et se terminait en apothéose sur un ballet aérien de "quilles" formant en s'entrecroisant des figures qui rappelaient celles d'un kaléidoscope.  Et pas une quille par terre !  La virtuosité assurément, mais au service de la beauté. Bref un enchantement !
Françoise Colmez


Du 30 septembre au 4 octobre 2008, au Théâtre 71, Malakoff

Le Silence des Communistes

d'après Vittorio Foa, Miriam Mafai et Alfredo Reichlin

mise en scène de Jean-Pierre Vincent 

Le Silence des Communistes,

d'après Vittorio Foa, Miriam Mafai et Alfredo Reichlin,

mise en espace de Jean-Pierre Vincent 

d'après Luca Ronconi

avec
Caroline ChaniolleauJean-Claude LeguayCharlie Nelson

dramaturgie
Bernard Chartreux
lumières
Alain Poisson

Le Silence des Communiste-Photo Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon
©Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

    En 2006, le metteur en scène italien Luca Ronconi, une des figures majeures du théâtre italien depuis les années 60 (aujourd'hui, il prépare des mise en scène de pièces de Jean-Luc Lagarce), met en scène des lectures de lettres écrites par trois anciens militants du Parti communiste italien, le PCI. Jean-Pierre Vincent a adapté ce spectacle dont il a fait une "mise en espace", créée au festival d'Avignon, puis jouée au Théâtre des Amandiers (Nanterre), et repris dans une commune de la Banlieue Sud où le "Silence des communiste" fait sens.

    Les sept lettres échangées par Vittorio Foa, Miriam Mafai et Alfredo Reichlin sont d'une finesse remarquable. Elles témoignent des désirs utopiques et des désillusions de militants italiens (qui ont donc une expérience différente de celle des militants français). Espérant une transformation de la société (et non une révolution), observant que l'alignement sur l'Union Soviétique les a empêchés de participer concrètement à la vie gouvernementale, donc de travailler pratiquement à cette transformation qu'ils souhaitaient, ils témoignent toujours de leur rêve d'un monde plus juste et plus libre. 

    La qualité du texte est fort bien transmis par les acteurs-lecteurs, et l'ensemble est très émouvant. Peut-être regrettons-nous qu'une théâtralisation plus forte n'ait pas été mise en jeu. 

J.-L. L.

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Le 18 octobre au Théâtre 71 à Malakoff
Les Communistes

Entretiens menés par Wajdi Mouawad 

Projet imaginé et mis en espace par Pierre Ascaride

Entretiens : Wajdi Mouawad
Mise en espace : Pierre Ascaride

avec

Manon Albert,
Ariane Ascaride, Jean-Baptiste Azéma, Sabrina Baldassarra, Frédérique Bonnal,
Mylène Bonnet,
Jacques Boudet,
Bruno Boulzaguet,
Alain Carbonnel,
Elisabeth Catroux,
Gérald Chatelain,
Philippe Canales, Eve-Chems De Brouwer, Noémie Develay-Ressiguier, Lauriane Escaffre, Emmanuel Fumeron,
Elodie Guizard,
Sabrina Kouroughli,
Bruno Labrasca,
Catherine Le Henan,
Keren Marciano,
François Marthouret,
Aurélie Messié,
Valérie Puech,
Juliette Roudet,
Christian Roy,
Mathilde Sarrot,

Lara Suyeux,
Oisin Stack,
Janaïna Suaudeau,
Anna Torralbo,
Aurélie Toucas,
Emmanuel Vérité
Pierre Ascaride - Malakoff - Octobre 2008
©MCH
Pierre Ascaride, maître de cérémonie, Malakoff, 18 Octobre 2008
Le projet, présenté par ses auteurs« "Le communisme? Mais c’est quoi être communiste ?" Ainsi débuta l’échange entre Pierre Ascaride et Wajdi Mouawad : une question… et le défi était lancé.
A partir d’un questionnaire identique pour tous, Wajdi Mouawad est allé à la rencontre de «communistes malakoffiots». Quatorze interviews pour dix-huit personnes interrogées, des témoignages uniques, émouvants et précieux sur des parcours politiques et intellectuels, des vies consacrées à défendre une idée de la société.
C’est à une première étape de travail que nous vous convions: en simultané, les quatorze textes seront lus par une trentaine de comédiens, dispersés dans tout le théâtre. Vous pourrez vous plonger dans une histoire ou vous aurez le loisir de passer de l’un à l’autre: à vous de suivre vos envies! »

   Le théâtre pour mettre en lecture les « phénomènes de société » ? Pour entendre d'autres paroles que celles, formatées, sur les grands media audio-visuels ? Wajdi Mouawad – il a suivi ses parents qui ont fui la guerre au Liban. Il a vécu, enfant, à Paris, puis  est devenu au Québec le grand dramaturge que nous connaissons – n'ayant jamais eu ce contact direct avec les militants communistes qu'ont pu avoir des français,  il veut comprendre, et ainsi entre en relations avec les habitants de Malakoff. Pierre Ascaride lui en a donné les moyens. Wajdi Mouawad conçoit les entretiens. Quatorze d'entre eux sont retenus, transcrits, ainsi ils deviennent des textes lus par 31 comédiens (14 jouant le rôle de Wajdi Mouawad). L'entrée au Théâtre 71 à Malakoff était libre, mais il fallait s'inscrire : le liste d'inscription était complète bien avant l'heure du spectacle. Quand un spectateur arrivait, il fallait demander un ticket donnant la première lecture à laquelle il allait assister.

   Car les quatorze lectures étaient données en parallèle, et les spectateurs étaient censés commencer par une lecture, puis pouvaient se déplacer pour aller écouter d'autres lectures. On devait donc en entendre simplement des fragments. 

 

La Lecture d'Ariane Ascaride

Ariane Ascaride - Malakoff - 18 octobre 2008© MCH
Ariane Ascaride était Jacqueline F.  

Keren Marciano-Wajdi et Ariane Ascaride - Malakoff - 18 Octobre 2008
Karen Marciano était Wajdi (dont elle porte la chemise)

   Or nous avions choisi de commencer par la lecture du témoignage de "Jacqueline F." par Ariane Ascaride interviewée par Wajdi-Keren Marciano. Mais quand vous êtes face à cette magnifique actrice, qui s'est emparée du témoignage avec la gourmandise et la profonde chaleur humaine qu'on lui connaît, comment pourraît-on se lever pour aller ailleurs ? Cela n'est venu à l'idée de personne, bien sûr, et tous les privilégiés – arrivés assez tôt pour obtenir le ticket "bar côté comptoir" – sont tous restés scotchés sur leur banquette ! 

   C'est que le personnage de Jacqueline F. s'est révélé être un superbe rôle de théâtre. On a là un exemple de cette "théâtralisation"  dont il était question plus haut à propos du Silence des Communistes. C'est toute une époque, tout un monde, toute une histoire personnelle engagée dans la grande Histoire que nous fait revivre Ariane Ascaride.  Celle-ci avait lu naguère à Malakoff un "Solo pour Bobby" de Serge Valetti, et on a retrouvé ici un plaisir émotionnel et théâtral équivalent.  

   Il faut dire que le questionnaire de Wajdi Mouawad – très bien retransmis par Karen Marciano – était à la fois humain et sincère. On y a retrouvé tout l'intérêt qu'on connaît chez le dramaturge libano-quabecois pour les histoires de famille, son sens du temps et de l'Histoire qui se fait. Il a permis à cette remarquable inteviewée de raconter son histoire, qui n'est pas banale : enfant née dans une famille de militants communistes, partie travailler à 13 ans (elle regrette aujourd'hui de n'avoir pas choisi d'aller à l'école plus longtemps), résistante à 17 ans, emprisonnée à Chateaubriant (tragique lieu d'exécutions d'otages en Loire Atlantique, pendant l'Occupation nazie) et évadée, marquée par des histoires privées (maladies, deuils), Jacqueline F. est restée pleine d'énergie et de convictions. Le souvenir de la Résistance est constamment présent dans ce témoignage émouvant, brillamment recréé par Ariane Ascaride.  

Jean-Louis Lambert
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Théâtre 71
Malakoff
du 12 au 30 novembre 2008

Seuls

de et par Wajdi Mouawad
Seuls

Seuls- Affiche



Texte, mise en scène et jeuWajdi Mouawad

et 6 voix

Dramaturgie et écriture de thèse
Charlotte Farcet

Collaboration artistique
François Ismert

Assistante à la mise en scène
Irène Afker

Scénographie
Emmanuel Clolus

Lumières
Eric Champoux

Costumes
Isabelle Larivière

Réalisation sonore
Michel Maurer

Musique originale
Michael Jon Fink

Réalisation vidéo
Dominique Daviet

    Très bien reçu à Avignon cet été 2008, et acclamé à Malakoff, ce solo de Wajdi Mouawad est  difficile à  définir, car c'est une rencontre entre différents mondes. Il y a, bien sûr, celui de cet auteur libano-québécois que nous connaissons très bien en Banlieue Sud et à qui nous avons déjà consacré  un gros dossier. On y retrouve ses thèmes : le Liban et la guerre, l'exil, les interrogations sur l'identité, les jeux sur l'espace et le temps. 

     Mais il y a aussi, en arrière plan, les références à Robert Lepage, son aîné, le célèbre auteur et metteur en scène québécois, souvent joué à Paris. Robert Lepage, star au Québec, est un virtuose de la mise en scène. Il a crée et animé une vaste fresque avec de nombreux acteurs : Les sept Branches de la Rivière Ota  (pièce présentée à Créteil, où l'histoire la plus tragique – de l'Holocauste à Hiroshima – est interrogée). Il joue aussi en solitaire – comme dans La Face cachée de la Lune, solo que nous avons vu à Chaillot en 2005 ; Lepage en a fait un film ; son personnage est censé y faire une thèse sur la conquète spatiale russe. L'art  de Lepage dans l'usage des décors mobiles, du son et de la vidéo est exceptionnel. Quand il est seul en scène, avec ses astucieuses machineries, Robert Lepage donne l'impression d'être une foule ! 

      Wajdi Mouawad crée le personnage d'Harwan,  étudiant exilé à Montréal, qui finit difficilement une thèse de doctorat sur les solos de Robert Lepage. Il a déjà écrit 1500 pages, mais il lui manque l'essentiel, la conclusion qui ne peut venir que d'un nouvel entretien avec le metteur en scène-vedette, inacessible et  toujours à l'autre bout du monde.  Son très attentif directeur de recherche l'encourage à retrouver Lepage en Russie (voir le paragraphe précédent) au moment où le père d'Harwan l'attend pour une visite prévue. Les contradictions entre ses préoccupations intellectuelles, les nécessités professionnelles et les obligations familiales conduisent Harwan à plonger dans un monde introspectif explosif que nous ne décrirons pas ici. 

      Mouawad ne manque pas d'idées, et il mêle plusieurs sources d'inspiration avec beaucoup d'ambiguités. Ainsi, il est impossible de savoir quel rapport il entretient avec Robert Lepage, son glorieux aîné avec lequel il rivalise maintenant : admiration envers un maître ? ironie envers une star ? complicité envers un confrère ? Sans doute un peu de tout cela. Mouawad a imaginé une situation complexe qui lui permet aussi de parler de ses relations avec sa famille, en particulier avec son père : amour qui a du mal s'exprimer ? exaspération devant un chef de tribu abusif ? On peut donner une citation qui n'éclaire que bien partiellement la situation, mais qui donne aussi le ton des monologues du héros 

Seuls - Wajdi Mouawad (C) Thibault Baron

« Harwan : Bonjour papa. C'est Harwan. Tu m'entends ? Il paraît qu'il faut continuer de te parler comme on te parlait avant. Seulement voilà : avant on ne se parlait pas beaucoup. On dit aussi qu'il vaut mieux parler dans ta langue maternelle. Je veux bien, mais mon arabe risque plutôt d'aggraver ton coma »

Photo (C) Thibault Baron

     Wajdi Mouawad est donc aux prises avec l'aura de son glorieux aîné et avec la difficulté d'être d'un exilé, mais c'est aussi un « artiste contemporain » qui affronte différentes formes d'art – ou s'amuse à affronter ? je trouve qu'il y a beaucoup d'ironie, ou d'humour dans cette pièce ! Tout d'abord, pour la première fois, nous le voyons jouer sur scène, et il est seul, comme Lepage dans ses solos. Comme celui-ci, il utilise astucieusement la vidéo (pastiche ? hommage ? comment savoir ?), il se sert (toujours astucieusement) des sons et des décors mobiles. Mais il fait aussi une satire des moeurs universitaires – des doctorants feraient-ils, déjà, des thèses sur ce jeune  metteur en scène (40 ans) ? Il réalise à lui tout seul ce que, dans  « l'art contemporain » on appelle des « performances », du « body art  » (ou « art corporel »), du « dripping  » (manière de peindre de Pollock), quoi d'autres ? Mouawad veut-il prouver qu'il peut tout faire ? Et bien, oui, il peut. En prime il sait aussi bien nous faire rire que nous faire pleurer.

Jean-Louis Lambert



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Au Théâtre Firmin Gémier d'Antony, le 20 novembre 2008
 
Discussion avec les comédiens Anne Girouard et Olivier Dutilloy
et la metteuse en scène Anne-Laure Liégeois

On ne reconnaît pratiquement pas les comédiens (voyez l'affiche, plus bas), excellents dans la composition et la création de personnages !
TFG - L'Augmentation - A Girouard - O Dutilloy - AL LiegeoisPhoto (C) MCH

Au Théâtre Firmin Gémier

Antony

du 18 au 30 novembre 2008


L'Augmentation

de Georges Pérec, mise en scène d'Anne-Laure Liégeois
Mise en scène
Anne-Laure Liégeois
Assistant à la mise en scène et scénographie
Laurent Letellier

Interprètes

Olivier Dutilloy
Anne Girouard

Costumes
Christophe Ouvrard

Lumières
Marion Hewlett

Production
Production Le Festin, Centre dramatique national de Montluçon - Région Auvergne.








Georges Pérec - Théâtre 1 - Couverture

Le volume qui contient le texte de L'Augmentation
      Il y a eu de nombreuses « avant-gardes » en France dans les années 60. Celle à laquelle a appartenu Georges Perec est particulière : ce membre actif de l'OULIPO s'imposait des  « contraintes » pour pouvoir donner libre cours à son imagination créatrice. Dans La Disparition, il n'utilisait pas la lettre la plus fréquente en français (laquelle ?). Les contraintes étaient souvent d'ordre arithmétique, comme cela apparaissait souvent dans les jeux littéraires de l'OULIPO ; l'un de ses membres fondateurs ne fut-il pas Raymond Queneau, écrivain, poète, encyclopédiste et mathématicien amateur ?  Le nom de Queneau n'apparaît pas au hasard dans cette chronique, car il y a un petit côté « exercices de style » dans cette « Augmentation ».  Cette pièce nous rappelle  les jeux avec les clichés du langage comme le pratiquaient les auteurs du théâtre de l'absurde ; elle nous fait ainsi penser  à Eugène Ionesco, l'auteur de La Cantatrice chauve et de La Leçon jouées depuis 1957 à La Huchette, dans des mises en scène de Nicolas Bataille et de Marcel Cuvelier. Or, c'est justement Marcel Cuvelier qui a créé cette pièce de Pérec en 1970. Une adhérente des Amis du Théâtre  Firmin Gémier se rappelle d'une reprise de cette pièce par Cuvelier : dans son souvenir, les six personnages étaient alignés sur le devant de la scène et énonçait le texte de Pérec de façon mécanique. 

Augmentation - Affiche
      Nous n'attendons rien de « mécanique » de la part d'Anne-Laure Liégeois, dont nous avions tant apprécié le Dom Juan de Molière en 2005 au TFG.  Ni rien de conventionnel. Il n'y a donc rien d'étonnnant à ce que nous soyons surpris ! Sa mise en scène débute par une série de sketches muets montrant deux employés n'arrivant pas à traverser le palier qui les aménera au bureau du chef de service auquel ils doivent présenter courageusement leur demande d'augmentation. Sketches séparés par des plages de cette chose devenue rarissime : le silence.  La mise en scène exploite une veine burlesque qui tiendra la distance de toute la pièce. Elle s'appuie sur les capacités physiques et comiques de ses deux acteurs, Olivier Dutilloy et Anne Girouard qui montrent un engagement total dans ce jeu complexe : faire rire avec le tragique quotidien. Au fait, n'est-ce pas ce que faisait Beckett dans ses tragédies modernes jouées par des clowns ? Pérec est l'un des rares auteurs de la seconde moitié du vingtième siècle qui soit devenu un «classique moderne». Face à cette mise en scène qui réinvente une autre façon de jouer ce texte, on voit bien ce que l'on a perdu quand cet auteur est mort précocement  (à 46 ans) en 1982.

    Le texte est énoncé par deux (et non six) personnages : un homme et une femme, employés de bureau à la fois coincés dans leur rôle hiérarchique (bas) et désireux de séduire. Ceux qui ont été formés à l'informatique,  voient bien qu'une des structures formelles de ce texte, c'est « l'organigramme » avec ses « test », ces « supposons », ces « oui ou non », ces jeux formels étant « parasités » par des « piques humaines », par exemple : « Vous demandez à votre chef de service si une de ses filles a la rougeole ¤ Il vous répondra par oui ou par non ¤ Supposons qu'il vous réponde oui », et dans ce cas, Pérec a la cruauté de ne pas examiner le cas « non » pour partir sur une grotesque histoire de « boutons rouges sur la figure »  qui n'a (normalement) rien à faire dans une histoire de demande d'augmentation.  Les parasitages « humains » de cette histoire très mécanique nous invite à nous interroger sur le rôle des clichés dans notre langage quotidien, et dans son utilisation au théâtre. 

   Si les Oulipiens avaient souvent une culture, ou un intérêt, pour les sciences mathématiques, n'oublions pas que Pérec était un disciple du grand sociologue Jean Duvignaud (la sociologie était la discipline reine des années soixante), et cette sociologie était très branchée sur la critique des systèmes hiérarchiques. Le premier roman de Pérec témoignait déjà de cet intérêt pour la critique de la société : Les Choses (Prix Renaudot  1965), chef d'oeuvre qui voyait déjà tout de notre société de consommation.  Dans cette Augmentation, Pérec s'en donne à coeur joie pour donner un portrait satirique de cette « Entreprise », « Organisation », « Société », ce « Consortium »,   « Trust » qui emploie ces pions deshumanisés que sont ses employés. Pérec joue avec les phrases toutes faites, avec les clichés qu'il pulvérise par ses jeux de langage : une phrase très stylée passe brutalement à l'argot ; on s'intéresse brusquement à la vie privée de gens qui ne devraient être que des éléments anonymes d'une société. Cela justifie la mise en scène d'Anne-Laure Liégeois : ce texte pourrait être mis en scène de façon très abstraite, mais ici il est question d'homme(s) et de femme(s) dans toute leur présence physique. Au lieu de six numéros abstraits (c'est comme ça qu'ils apparaissent dans le texte imprimé), c'est un couple prisonnier des convenances et des apparences qui surgit d'abord, et petit à petit la vraie vie charnelle reprend sa place, avec une virulence et un comique qui laissent pantois : ce n'est pas tous les jours qu'on voit des acteurs s'engager dans une telle expérience avec cette énergie, mais cela n'étonne pas dans une mise en scène d'Anne-Laure Liégeois. Gros succès dans le public, en particulier chez les jeunes.  

J.-L. L.



Du 3 au 14 décembre, à l'Espace Cirque d'AntonyLe cirque Aïtal : La Piste Là.
Conception
Victor Cathala

Kati Pikkarainen

Aide à la mise en scène
Pablo Ariel Bursztyn

Avec
Victor Cathala (porteur)
Helmut Nünning (musique)
Kati Pikkarainen (voltigeuse)
Matias Salmenaho (porteur-jongleur

Composition musicale
Mathieu Levavasseur

Arrangement musical
Florian Appl
Helmut Nünning

Construction scénographie
Manu Céalis

Création lumière
Claude Couffin

Création costumes
Odile Hautemulle

Régie technique
Jérôme Dechelette
Francis Rault

La piste là - Cirque Aïtal   Une belle création à l'Espace Cirque d'Antony : virtuosité et personnalité des artistes font de ce spectacle une forme unique.  

     Un jeune, beau et hyper-costaud porte sur ses épaules un autre costaud qui porte sur ses épaules la frêle voltigeuse dont on ne comprend pas comment un aussi petit corps peut contenir autant de muscles et de grâce, que ce soit tout en haut du chapiteau ou au ras du sol. Exploits physiques et poésie. Et humour.
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© ATFG - Amis du Théâtre Firmin Gémier – Mise à jour du 10 décembre 2008